Rue de la Tuerie Effet de nuit – De straat ‘s nachts

Rue de la Tuerie Effet de nuit – De straat ‘s nachts,

Plus loin la rue s’élargit de l’adjonction d’un bras de la Dyle qui coule ses eaux boueuses le long de la chaussée elle-même. Des dos de maisons hautes et tristes baignent leur fondement dans le lit de la rivière, et gardent le long de leurs murailles aux briques noirâtres la trace des eaux ménagères versées des fenêtres dans le cloaque mouvant et fangeux. De l’autre côté de la rue des maisons qui jadis furent luxueuses et qui sont encore belles, sont revêtues d’un tapis de moisissures qui les fait cadrer parfaitement avec le milieu dans lequel la fatalité des mouvement urbains les ont exilées.
C’est toute cette couleur fruste et tragique que le burin du jeune artiste a reproduite d’un trait âpre et pittoresque ; et ses planches évoquent non seulement la vielle venelle, mais aussi l’émoi et les sentiments d’horreur et de pitié qu’elle fait naître dans le coeur de tout ceux qui la connaissent.

Omer Dierickx
Louvain, le 12 mars 1912